Et puis bien sûr le fameux sonnet pour Hélène. (Elle s'appelait Hélène de FONSEQUE et c'était la fille d'un certain baron de SURGERES.)

Gravure de Martin SCHONGAUER XVè s.

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devisant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous esmerveillant:
Ronsard me célébroit du temps que j'estois belle.

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur à demy sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Benissant votre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre, et, fantosme sans os,
Par les ombres myrteux je prendray mon repos:
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Le sonnet n'est pas dépourvu d'orgueil, mais n'a-t-il pas un peu raison ? Nombreuses sont celles parmi les siècles qui, pour prix de leurs faveurs, n'auront pas eu autant et dont nul ne prononce plus le nom avec un sourire.

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